2012 - Recherche d'une ligne et expérimentations plastiques

Tout a commencé lorsque, pendant une innocente séquence de travail visant à générer une ligne de vêtement pour enfants dans le cadre de mon BTS design de mode, l'un de mes profs d'arts plastiques m'a demandé d'arrêter de travailler gentiment sur du format A4. 

"Libère ton trait", dit-il. 

Jugeant le papier trop fin pour survivre à la libération de mon trait, je me suis emparé d'une plaque de carton, et il est né de mon premier geste (qui fut de déchirer des choses) le projet "Moi, Masque". 

Le masque n’est jamais impersonnel, il garantit l’anonymat en même temps que la différence ; Blaise, le poussin masqué de Claude Ponti, étant le seul poussin à porter un masque, se détache du groupe à cause de masque, et, grâce au masque, acquiert une identité qui lui était difficilement imaginable au moment où il ne portait pas de masque. Par le masque, il acquiert identité et anonymat. Le masque donne à voir une image, qui, si elle n’est pas le visage, n’en est pas moins importante et révélatrice d’un personnage. Cette idée est le plus visible dans la commedia dell’arte, où les acteurs et leurs rôles sont définis par ce masque – visage brûlé et noir d’Arlequin, pâleur lunaire du Pulcinella ; parfois le masque est remplacé par le maquillage, qui, s’il est plus léger n’en est pas moins efficace. Le code visuel est également renforcé par les vêtements significateurs du personnage joué. « Tu sei, Pagliaccio, vesti la giuba » ; l’accoutrement du personnage sert la compréhension du rôle. Dans l’idée où l’ami imaginaire, expression des sentiments refoulés de l’enfant, le masque donne à voir cet ami, donne à voir les émotions, qui seront condensées sur le masque et transposées sur le visage de l’enfant ; la superposition d’un visage sur un autre,  pour exprimer ce que l’autre visage ne peut pas exprimer.  Le masque, s’il est double, et alter ego, peut vite devenir une entité différente, d’où le « Je suis Masque ».

 

Je suis l’émotion qui cache et qui révèle.

Masque j’ai vu passer bien des vies, et à travers la folie des êtres et des sentiments, la joie, la peine, la fureur, la rage, la douceur, l’Amour et tant de passions contenues que moi, masque, j’ai décrites et révélées pour le bien de ces êtres de sentiments enfouis, dissimulés, camouflés et protégés derrière l’anonymat temporaire de moi, masque. Porte moi tant qu'émotion te dure. Porte moi et te protègerai contre les tempêtes de ton coeur et les regards des autres. Porte moi, Masque, qui seul révèle.